Pourquoi appelle-t-on la police les poulets ?

Photo de King's Church International sur Unsplash
Ce surnom étonnant, devenu courant en France, intrigue pas mal de gens : d’où vient l’habitude d’appeler les policiers “les poulets” ? Si le terme peut sembler moqueur ou familier, son origine est en réalité beaucoup plus sérieuse… et historique. Voici comment des gallinacés se sont retrouvés associés aux forces de l’ordre.
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Un surnom né à Paris au XIXe siècle
L’expression “les poulets” pour désigner les policiers trouve son origine dans un lieu bien précis de Paris : la préfecture de police. Au milieu du XIXe siècle, les locaux de la préfecture sont installés sur l’île de la Cité, à l’emplacement de l’ancien marché aux volailles… là où l’on vendait autrefois des poules, des coqs, des canards, etc.
Quand les policiers ont pris possession de ces lieux, les Parisiens n’ont pas manqué de remarquer ce détail. Et comme souvent dans l’argot populaire, la moquerie a pris racine : on s’est mis à les appeler les “poulets” en référence à l’endroit où ils travaillaient.
Une expression d’abord ironique
Ce surnom n’était pas franchement flatteur à l’origine. Le but était surtout de se moquer gentiment de la police, comme d’autres termes argotiques tels que “les flics”, “les keufs” ou encore “les condés”. Il était utilisé dans le langage des rues, dans les chansons populaires, ou encore chez les jeunes des faubourgs.
Mais avec le temps, l’expression s’est largement répandue, notamment dans les médias, le cinéma et la culture populaire, jusqu’à devenir quasi institutionnelle dans le langage familier français.
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Les poulets dans l’imaginaire collectif
Le mot “poulet” a également bénéficié d’une image particulière dans la culture française : l’animal est considéré comme un peu simple, un peu ridicule, mais aussi familier et bien présent dans le quotidien. En utilisant ce mot pour désigner les forces de l’ordre, on leur enlève un peu de leur solennité, on les ramène à un niveau plus populaire, plus “humain”.
Certaines blagues ont d’ailleurs renforcé ce parallèle, notamment autour des sirènes de police assimilées à des caquètements, ou des courses-poursuites comparées à des “vols de basse-cour”.
Une image qui varie selon le contexte
Attention toutefois : appeler un policier “poulet” n’est pas toujours bien perçu. Le ton, le contexte et l’intention jouent beaucoup. Entre amis ou dans une discussion légère, c’est souvent accepté. Mais dans d’autres cas, cela peut être vu comme irrespectueux, voire insultant.
Les forces de l’ordre elles-mêmes sont divisées sur ce surnom : certains en rient, d’autres le trouvent dégradant. C’est un peu comme appeler un médecin “toubib” ou un prof “pion” : tout dépend du ton.
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D’autres surnoms de la police
Le langage argotique ne manque pas d’imagination pour parler des policiers. En voici quelques exemples populaires :
- Flic : probablement d’origine allemande (“fliegen” = voler ou surveiller), très répandu en France.
- Keuf : verlan de “flic”.
- Condé : viendrait d’un nom de commissaire, le comte de Condé, ou de “connaître” (par les indics).
- Les bleus : en référence à l’uniforme bleu porté par la police nationale.
- La bac : pour “Brigade Anti-Criminalité”.
Ces appellations montrent que la relation entre la population et la police est complexe, souvent teintée d’humour, de défiance, mais aussi de familiarité.
Et à l’étranger ?
Ce surnom “poulet” est très français. Dans les pays anglophones, les policiers sont parfois appelés “cops”, “bobbies” (au Royaume-Uni), ou même “pigs” dans un sens clairement péjoratif. Le parallèle avec les animaux existe donc ailleurs, mais souvent avec des connotations plus négatives qu’en France.
En Belgique ou en Suisse francophone, le mot “poulet” est aussi compris mais beaucoup moins utilisé. On préfère des termes plus neutres comme “police”, “gendarmes” ou “forces de l’ordre”.
Conclusion
Appeler la police “les poulets” est une tradition argotique française qui remonte au XIXe siècle, quand les policiers ont occupé un ancien marché aux volailles à Paris. Devenu un mot familier, parfois affectueux ou moqueur, ce surnom reflète à la fois l’histoire des lieux et l’imaginaire populaire. Un parfait exemple de la richesse du langage populaire… et de l’humour bien français.